Comment se déplacer dans la salle de spectacles le Diapason lorsque
l’on est aveugle ou mal-voyant ? Comment appréhender un lieu sans la capacité de voir ? Manuel Faouen, créateur de
l’association DVRGV, acronyme de “Découvrez la vie
réelle grâce au virtuel”, est lui-même atteint de cécité.
À l’occasion d’une visite d’un genre particulier, mercredi, le responsable a voulu montrer à une quinzaine de participants l’envers du décor d’une salle de spectacles pour les personnes en situation de handicap visuel.
Présents pour cette visite, les membres des associations qui participeront à
l’organisation du OFF du festival Barbara dont l’inauguration a lieu le 18 mai.
Après un mot d’introduction, les a immédiatement
mis en situation. «Pour une personne aveugle, la difficulté majeure de cette salle,
c’est la grandeur des lieux et les escaliers.» Pour mieux s’en rendre compte, par groupe de deux, les personnes se sont tour à tour bandées les yeux et ont suivi les instructions de leur binôme pour se déplacer. Un exercice parfois
périlleux, car avec ses marches irrégulières, la salle recèle d’obstacles pour une
personne non-voyante. Le créateur de l’association en profitait pour expliquer également l’importance du “guide” dans ce genre de situation. «Des gens font parfois des choses “rigolotes” quand ils essaient de vous aider pour traverser la rue. Certains vous tirent par la canne, par exemple… Déjà ce n’est pas très confortable et c’est surtout dangereux», expliquait-il, avec
le sourire.

«C’est comme quand vous lisez un livre,
vous vous créez vos propres images»
L’exercice mis en pratique, Manuel Faouen a ensuite fait découvrir aux membres des associations l’un des types de réalisations de DVRGV. Un petit avantgoût du
travail, commandé par la Ville, qu’il réalisera dans quelques jours, lors du festival Barbara. Avec son équipe, Manuel Faouen recueille des sons, les monte, et en crée une “carte postale sonore”. Une manière de retranscrire des scènes qu’il ne peut pas voir. «Comme si l’on regardait une photo mais à écouter», résumaitil. Dans le noir du Diapason, les auditeurs ont alors écouté la carte postale sonore du
spectacle “Namaskar” enregistré le 28 février. On y
perçoit tout d’abord l’ambiance de préparation technique du spectacle, l’arrivée
des enfants dans la salle, les rires des plus jeunes devant
le théâtre d’ombres chinoises… «C’est certainement
plus simple de vous montrer des images mais l’idée est
de faire travailler l’imagination. C’est comme quand
vous lisez un livre, vous vous créez vos propres images.» Une expérience « étrange » pour certains participants, invités à débriefer l’expérience. L’un
d’entre eux concluait finalement : «En fait, on n’a plus
nos yeux pour nous polluer les oreilles.»
DVRGV veut créer sa webradio locale
Manuel Faouen est un passionné de sons. Originaire de Normandie, il a posé ses valises à SaintMarcellin depuis quelque temps déjà. Il y a créé l’association DVRGV “Découvrez la vie réelle grâce au virtuel” avec un
objectif, « être actif » malgré son handicap visuel. «C’est très difficile de
trouver du travail quand on est handicapé.»
« Un média social d’échanges »
Le travail autour des cartes postales sonores (lire par ailleurs) mis à part, l’association a un gros projet en attente de finalisation. L’équipe veut en effet lancer sa propre webradio locale. «Ce serait un média local d’échanges, avec une mise en avant de nos productions, des reportages, des émissions en direct pour approcher les gens», résume-t-il.
Mais pour cela, le passionné a besoin d’une aide financière. Car, alors que le projet était déjà bien lancé – notamment avec l’achat d’un caisson d’enregistrement de 6 m² – l’association n’a pas obtenu les subventions espérées. Les membres ont donc décidé de lancer un financement participatif pour finaliser le projet.
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